Production / besoins
Détails et leviers d'action
⚠ Un problème technique est survenu.
Merci d'essayer à nouveau dans quelques
secondes.
Le paysage agricole français, très diversifié jusqu’à la première moitié du XXe siècle, pourvoyait à une grande partie des besoins alimentaires à l’échelle locale. Les régions agricoles sont aujourd’hui largement spécialisées. À l’échelle d’un bassin de vie, presque toute la production agricole est exportée, tandis que presque tous les aliments consommés sont importés. Relocaliser le système alimentaire pour renforcer sa résilience nécessite de développer une agriculture nourricière, donc diversifiée.
Cet indicateur représente la part des besoins du territoire qui pourrait en théorie être couverte par sa propre production (voir sources et règles de calcul). Notez qu'il ne s'agit pas de la part des besoins réellement couverts par la production locale. Les flux logistiques sont aujourd'hui totalement dissociés de la disponibilité locale, si bien qu'à l'échelle d'un bassin de vie, presque toute la production est généralement exportée, et tous les biens consommés sont importés depuis d'autres territoires.
Les besoins sont évalués à partir de l'application PARCEL qui fournit les surfaces agricoles nécessaires pour nourrir la population d'un territoire en utilisant la composition actuelle de nos assiettes et sur base des parts de surfaces bio par produit actuelles.
Les besoins et productions sont calculés ci-dessous toutes cultures confondues, et ils sont exprimés tous deux en hectares de surface agricole, afin de calculer le taux de couverture global (ratio entre la production et les besoins) pour chaque territoire :
Production | Besoins | Taux de couverture global |
---|
L'analyse de l'adéquation globale, sans prendre en compte les besoins par grande catégorie de culture peut masquer des déséquilibres importants (manques ou production excessive pour certains secteurs).
Le diagramme suivant illustre l'écart entre production et besoins pour le territoire , en présentant également la répartition pour chaque groupe de culture :
Production : ha
Besoins : ha
Basculer l'affichage :
Un mode de répresentation similaire, en superposant production et besoins permet de mettre en avant les manques et les surproductions pour chaque type de culture :
Finalement, le tableau suivant résume cela en présentant les taux de couverture des besoins par
type
de
culture
ainsi que la moyenne de ces taux, préalablement bornés à 100%, et pondérée par leur part respective
dans
le
total des
besoins). Cette moyenne représente de façon plus fine l'adéquation entre production et besoins que
le
taux
de couverture
global présenté plus haut, puisque tenant compte de la diversité des cultures nécessaire à une
alimentation
variée :
Part dans les besoins | Taux de couverture |
---|
Les aliments d'origine animale (viande, oeufs, produits laitiers) requièrent davantage de ressources et de terres cultivées que les produits végétaux.
Le diagamme suivant met en regard la production, avec la part des besoins nécessaire à l'alimentation humaine et la part des besoins nécessaires à l'alimentation animale :
Basculer l'affichage :
En favorisant l'évolution vers une agriculture nourricière, au travers des leviers suivants :
La première étape pour améliorer son autonomie alimentaire à l’échelle d’une collectivité territoriale est de connaître la capacité de production locale, ainsi que les besoins de consommation des habitants. Un pré-diagnostic peut être réalisé à l’aide d’une simple comparaison entre les surfaces cultivées sur les terres de la collectivité et les besoins de la population correspondante. Une étude plus poussée des cultures à développer peut ensuite être réalisée, en tenant compte des spécificités géographiques du territoire.
Les producteurs en grandes cultures peuvent avantageusement allonger leurs rotations en y intégrant des légumes et légumineuses, et ainsi diversifier leur production. Des outils et infrastructures adaptés à ces cultures (semis, récolte, tri, stockage, transformation, etc..) et dimensionnés aux volumes attendus devront également être accessibles. Pour accompagner cette diversification, les collectivités peuvent proposer ou identifier des débouchés, les qualifier, les quantifier, voire amorcer des pistes de contractualisation, de partenariat et de mise en relation de l’offre et de la demande. La construction de filières de commercialisation locales doit également être soutenue.
La commande publique de la restauration collective peut introduire des critères pour rendre ses appels d’offre accessibles aux producteurs locaux. En leur garantissant ainsi des débouchés, les collectivités accompagnent l’évolution des itinéraires de production des exploitants : assolements, cultures prioritaires, variétés, calibres…
Les villes et leurs périphéries sont des zones privilégiées pour des productions sur petites surfaces de fruits et légumes frais. La proximité immédiate entre producteurs et consommateurs permet de diminuer fortement les besoins en pétrole pour le transport. Limitée du point de vue strictement calorique, l’agriculture urbaine et périurbaine peut cependant jouer un rôle important dans la diversification alimentaire. Elle participe au dynamisme et à la qualité de vie des quartiers concernés, et permet de sensibiliser les citoyens aux enjeux de résilience alimentaire.
La production de fruits et légumes frais par les citoyens eux-mêmes peut jouer un rôle déterminant dans la résilience alimentaire d’un territoire. Elle sensibilise efficacement les habitants et joue un rôle social et économique important. Les collectivités peuvent mettre à disposition des terrains pour développer des jardins partagés, et organiser des ateliers de formation au jardinage.
L'agriculture occupe plus de la moitié du sol métropolitain. Les pratiques agricoles constituent donc la plus grande force d’évolution des paysages, et de la biodiversité qu’ils abritent. L’intensification sans précédent de l’agriculture se manifeste aujourd’hui par un environnement profondément dégradé, une dépendance élevée à de nombreux intrants et une grande spécialisation des systèmes agraires. L’adoption massive de pratiques agroécologiques est impérative pour renforcer la résilience des fermes, et enrayer la dégradation et l'homogénéisation de la faune et de la flore.
L'agriculture biologique répond à un cahier des charges qui incorpore plusieurs pratiques agroécologiques et fait l'objet d'un suivi régulier.
Cet indicateur correspond à la part de la surface agricole labellisée agriculture biologique (ou en conversion) dans la surface agricole totale du territoire (voir source et règle de calcul).
Pour le territoire
L’indice de Haute Valeur Naturelle (source et règle de calcul) permet de caractériser les systèmes agricoles qui maintiennent un haut niveau de biodiversité . Trois dimensions, notées de 1 à 10, sont prises en compte :
Le territoire
En favorisant l'agroécologie, au travers des leviers suivants :
La diversité des pratiques agroécologiques et l’absence d’un label ou d’un cahier des charges précis rendent complexes la réalisation d’un diagnostic détaillé sur le territoire, l’élaboration d’un plan d’actions ou le suivi des changements. Pour cela, les collectivités peuvent se référer à certains indicateurs complémentaires, plus faciles d’utilisation :
Le passage à l’agroécologie peut demander aux exploitants des modifications substantielles de leurs itinéraires techniques, l’acquisition de matériel spécifique, et une évolution de leur modèle économique. Des efforts soutenus de sensibilisation, de partage d’expériences et de formation sont indispensables. L'animation de cette démarche peut être déléguée à un acteur de terrain ou gérée en propre par la collectivité. Cette seconde option permet de faire le lien avec l’animation foncière. La collectivité peut aussi jouer un rôle dans l’obtention de financements pour acquérir du matériel, développer des filières de valorisation ou assurer la bonne rémunération des agriculteurs lors de leur période de transition.
Les collectivités peuvent développer une stratégie de gestion forestière et paysagère associant les propriétaires fonciers, les exploitants agricoles, les sylviculteurs, et les organismes encadrant leurs activités. Il s'agit de :
Les productions certifiées comme l’agriculture biologique, les Appellations d’Origine Protégée, les labels de qualité pour la viande, incluent à la fois le respect de certaines pratiques agroécologiques et bénéficient en même temps d’une reconnaissance établie facilitant les conversions et leur réussite économique.
Entre 1988 et 2018, la population active agricole a été divisée par deux en France. La profession, qui représente aujourd’hui moins de 3 % des actifs et 1 % de la population totale, est vieillissante et peine à se renouveler. La France comptera encore un quart d’agriculteurs en moins d’ici une dizaine d’années si rien n’est fait pour freiner la tendance, alors que la transition vers un système alimentaire résilient nécessite des fermes plus nombreuses et intensives en main d’oeuvre.
La part des actifs agricoles permanents dans la population totale ( source et règles de calcul) correspond au ratio entre le nombre de travailleurs agricoles permanents et la population totale.
Pour le territoire
De nombreux agriculteurs vont partir à la retraite dans les années à venir et le nombre d'exploitations baisse constamment du fait de l'agrandissement de la taille moyenne des fermes par remembrement :
En enclenchant une dynamique d'augmentation du nombre de travailleurs agricoles, au travers des leviers suivants :
Le but est d’identifier les futurs cédants d’un côté et les potentiels repreneurs de l’autre, via :
Les futurs cédants et les repreneurs doivent être mis en relation pour préparer les transmissions. Plusieurs structures, telles que les Chambres d’agriculture (Points Accueil Installation) et les pôles InPACT locaux déploient des outils dédiés à cet accompagnement. Les collectivités peuvent relayer leurs initiatives, apporter un soutien technique ou financier, et fédérer ces acteurs, par exemple en :
La mise en réserve de foncier permet d’allonger les délais de vente et de faciliter les installations. Il s’agit d’acquérir un bien pour une durée limitée avant de le rétrocéder à un candidat. Les candidats ont ainsi le temps de consolider leur projet (emprunts, acquisition collective, parcours à l'installation, formation, etc.). Le stockage permet aussi dans certains cas de constituer une unité foncière suffisante à partir d’un parcellaire morcelé. Pour mettre en réserve du foncier, les collectivités peuvent :
Lorsque la collectivité ne possède pas de foncier agricole, l’acquisition de terres est un premier pas témoignant de son engagement. Elle peut s’associer à la société civile au sein d’une société coopérative civile immobilière (SCCI), ou prendre des parts dans une foncière telle que Terre de Liens. Elle peut sensibiliser les habitants à l’utilité de ce type d’épargne.
Les espaces-test agricoles sont des outils visant à faciliter la création d’une entreprise agricole par des porteurs de projet souvent non issus du monde agricole. Ils mettent à disposition des candidats un cadre légal d’exercice, des moyens de production (foncier, matériel, bâtiments) et un dispositif d’accompagnement technique et administratif. Ils peuvent être mis en place par les collectivités sur des sites éphémères ou permanents, ou par des agriculteurs sur une petite portion de leurs terres. Pour faciliter l’installation, les collectivités peuvent mettre en relation les porteurs de projet avec des gestionnaires de cantines ou des intermédiaires et commerces locaux pour leur fournir des débouchés. Elles peuvent aussi pratiquer le dégrèvement de la taxe foncière sur les propriétés non bâties pour les jeunes agriculteurs.
Depuis des décennies, les constructions humaines s’étendent à un rythme soutenu, détruisant de façon souvent irréversible des terres agricoles fertiles situées à proximité de nos lieux de vie. La disponibilité de ces terres est pourtant essentielle à un système alimentaire résilient.
Les indicateurs et chiffres-clés ci-dessous permettent de se faire une image de la disponibilité de surfaces agricoles et de sa dynamique d'évolution pour et ses territoires.
La surface agricole utile par habitant (source et règle de calcul) permet d'appréhender la capacité de production du territoire. Une surface d'environ 4000 m²/hab est nécessaire pour le régime actuel, 2500 m²/hab pour un régime moins riche en protéines et produits animaux et 1700 m²/hab pour un régime très végétal (voir figure 33 page 141 du guide basée sur la figure 2 page 31 de Solagro (2019), Le revers de notre assiette. Changer d’alimentation pour préserver notre santé et notre environnement.).
Pour le territoire
La politique d'artificialisation (source et règle de calcul) est un indicateur qualitatif appréhendant le respect de l'objectif national de Zéro Artificialisation Nette. Il se base sur le total d'hectares agricoles, naturels et forestiers qui ont été artificialisés sur une période donnée au regard notamment de l'évolution du nombre de ménages et d'emplois.
Pour le territoire
Le rythme d'artificialisation (source et règle de calcul) correspond au ratio entre le nombre d'hectares agricoles, naturels et forestiers qui ont été artificialisés en moyenne sur un an sur une période donnée et la surface agricole utile disponible au début de la période. Cette valeur doit tendre vers zéro dans le cadre d'un objectif de zéro artificialisation nette.
Pour le territoire
Une part importante des terres sont aujourd'hui artificialisées, et le rythme d'artificialisation est élevé notamment au regard de la part de logements inoccupés :
En visant un objectif zéro artificialisation nette de façon à préserver les terres agricoles fertiles, au travers des leviers suivants :
Au delà de la limitation drastique de zones ouvertes à l’urbanisation dans les documents d’urbanisme, des outils réglementaires de protection du foncier dépassant le court-termisme des mandats électoraux doivent être mis en place en périphérie urbaine pour stopper la spéculation et la rétention foncière, et protéger durablement les terres agricoles :
Il s’agit de renaturer une surface artificialisée existante équivalente aux nouvelles surfaces construites. Cela implique notamment la déconstruction, la dépollution, la désimperméabilisation, la construction de technosols permettant la végétalisation et la reconnexion fonctionnelle aux écosystèmes naturels environnants. Toutefois, ces mesures compensatoires sont complexes et coûteuses, et certains effets de l’artificialisation s’avèrent en pratique irréversibles.